Bas les livres
Je suis, depuis tout petit, un vrai fan de livres. Impossible d’entrer dans une librairie sans en ressortir avec une pile, j’ai probablement une bibliothèque pleine de livres que je n’ai pas encore lus mais que j’ai déjà achetés, et rien ne m’éclate plus que de passer une après-midi à fouiner dans une librairie de seconde main. Mais je dois l’admettre, une révolution se dessine dans le monde des livres.
J’ai acheté un Amazon Kindle voici quelques mois et c’est un appareil fan-tas-ti-que. Pour ceux qui ne le connaissent pas, le Kindle est un e-reader pour lire des livres électroniques. Il a la taille et le poids d’un gros livre de poche, et vous permet de sauvegarder quelques centaines de livres. Pour Amazon, cela doit être une véritable mine d’or.
Le service est impeccable. Vous achetez l’appareil en ligne et il arrive quelques jours plus tard, entièrement personnalisé et ‘pre-registered’. Concrètement, cela veut dire que vous pouvez immédiatement l’utiliser pour acheter un e-book en ligne d’un seul clic. Que faites-vous lorsque vous avez déballé cette chose et que vous l’avez branchée? Acheter un livre, bien sûr! Une bonne heure après avoir reçu l’appareil, j’avais de nouveau enrichi Amazon d’une bonne centaine d’euros parce que télécharger quelques livres sur le Kindle est d’une simplicité enfantine et tellement tentant.
Le succès du Kindle est impressionnant. Il y a déjà des jours où Amazon vend plus d’e-books que de livres papier. C’est évidemment du pur bénéfice pour eux. Pour vendre 100 livres, ils doivent aussi en avoir 100 en stock, mais pour vendre un e-book, Amazon n’a pas besoin de stock. Une fois l’e-book créé, ils peuvent en vendre autant qu’ils veulent en ligne. Jackpot, donc.
Les e-books sont certes moins chers que les ‘vraies’ versions (en général près de 50% moins cher), mais il ne faut pas être un génie pour comprendre qu’il s’agit d’un véritable paradis financier si le modèle perce réellement. Je me suis moi-même aperçu qu’ils prenaient une solide marge lorsque j’ai vendu mon propre livre via Amazon. Une librairie normale reçoit environ 40% du prix de vente du livre comme marge, mais si vous vendez un livre via Amazon, ils empochent jusqu’à 55% de la marge. Quand on pense qu’Amazon ne doit pas, comme une librairie habituelle, louer d’espace de vente ni payer de personnel et qu’ils peuvent vendre ces e-books sans coûts de production des livres: it’s like printing money.
D’aucuns vous disent parfois ‘Oui, mais on ne lit quand même pas aussi vite sur un écran’. Je peux témoigner du contraire. On lit fantastiquement vite sur un écran. Je ne voudrais jamais lire un livre sur un PC portable, mais un Kindle vous suit partout. L’appareil n’est pas lourd et est donc facile à tenir en main; l’écran est tout aussi lisible qu’un simple livre de poche grâce à la technologie e-ink spéciale; et il fonctionne pendant des heures sans devoir le recharger. Le principal avantage est toutefois que vous pouvez facilement y mettre plusieurs dizaines de livres. Quiconque est déjà parti en vacances avec quelques kilos de livres dans ses bagages comprend vraiment l’intérêt d’un Kindle.
Ce que je trouve de plus spectaculaire, c’est la manière d’acheter un nouvel e-book: entièrement sans fil. Lorsque vous allumez le Kindle et que vous voulez un nouveau livre, vous pouvez parcourir tout le catalogue d’Amazon. Et lorsque vous en achetez un, le livre est transféré sans fil sur votre Kindle via le ‘whispernet’ d’Amazon. Amazon a donc intégré une fonctionnalité entièrement wireless à l’appareil et passé des accords avec les opérateurs télécoms du monde entier. Nous en verrons encore d’autres à l’avenir: des appareils sans fil qui sont complètement autonomes. Mais c’est pourtant rudement bien de le voir fonctionner aujourd’hui.
Bien qu’il s’agisse encore de la première génération d’appareils, cela marque selon moi le début de la fin des bons vieux livres. Regardez l’industrie audio et la vitesse à laquelle le vinyle a été remplacé par les CD, et celle à laquelle les CD ont été remplacés par les MP3 et le support ‘physique’ a simplement disparu. L’appareil a subtilement été baptisé ‘Kindle’ par Amazon, ce qui signifie ‘bois de chauffage’ en anglais, mais aussi ‘to set on fire’ dans sa forme verbale. Ils ont en effet mis une mèche sur le marché du livre traditionnel et si elle s’allume, cela va certainement y foutre le feu.
Je continuerai à acheter des livres. J’aime trop l’odeur et la forme des vrais livres que pour y renoncer. Mais je suis convaincu que je dépenserai beaucoup plus en e-books qu’en vrais livres. Les livres traditionnels deviendront malheureusement des articles de collection. Donc, si je peux vous donner un conseil: dévalisez votre librairie de seconde main, tous ces livres vaudront un jour de l’or.